La meute des quatorze

Prologue

Au Moyen-Âge

La pleine lune emplissait la plaine. Plusieurs villageois se cachaient dans leurs maisons. Ils entendaient, au loin, le hurlement de leurs ennemis. Ils savaient que sortir de chez eux entraînerait leurs morts. Les loups-garous rôdaient en plusieurs meutes distinctes cette nuit-là.

Cependant, personne ne savait au village que les loups-garous s’étaient tous rassemblés autour d’un grand chêne dans la forêt. Un des leurs voulait leur parler. Il monta sur un rocher qui se trouvait au centre du cercle composé de ses congénères. Sa fourrure noire comme la nuit le faisait rassembler à une ombre. Sa taille rivalisait avec celle d’un ours à quatre pattes.

— Bonjour vous qui faites partie de ma famille, dit-il.

— Tu ne fais partie d’aucune des vieilles familles, hurla une louve aussi noire que lui.

— Je sais, mais je suis celui qui dirige la meute de la région qui compte le plus d’individus. J’aimerais que vous vous joigniez à nous. Nous sommes huit, mais avec vous, nous deviendrons la meute la plus puissante du monde et tous voudront en faire partie. Cependant, nous ne prendrons de nouveau que si un d’entre nous meurt.

— Tu es fou! Tu seras notre chef à tous! hurla un loup gris.

— Bien sûr! Je peux aussi me battre contre ceux qui veulent ce poste.

— En cette nuit, dit la louve noire. Nous sommes quatorze autour de toi. Je sens qu’aucun, à part ceux de ta meute, ne te considère comme chef.

— J’attendrais à la prochaine pleine lune pour obtenir vos réponses à cette demande.

— Pas besoin, dit un loup-garou gris et blanc plus gros que les autres. Je suis celui qui a donné naissance à la plupart des loups ici. Bats-moi et ils te suivront si tu gagnes!

Plusieurs loups-garous hurlèrent d’approbation.

— D’accord, dit celui qui voulait devenir le chef en sautant en bas du rocher.

Il se plaça devant son adversaire.

— Ce combat sera à mort!

— J’accepte.

Alors, les loups-garous hurlèrent et la bataille commença. Les morsures et les griffures tachèrent le sol du sang des deux combattants. La force du vieux loup gris et blanc était supérieure à celle du loup noir, mais celui-ci était plus rapide. Il réussissait à mordre des points névralgiques. Cependant, un coup de patte envoya le loup noir loin de la bataille. Le loup gris approcha de son adversaire sonné. Le loup noir commençait à avoir de la difficulté à respirer, mais il voyait que son ennemi perdait plus de sang que lui. Encore quelques morsures. Il se releva difficilement. Il voyait son adversaire arriver sur lui. Le loup noir sauta de côté et le vieux loup se cogna sur l’arbre derrière. Le loup noir sauta sur le cou de son aîné et le mordit. Le goût du sang emplit sa gueule. Le loup gris et blanc tomba sur le sol. La perte de sang et la morsure à la jugulaire venaient d’avoir raison de lui. Le loup noir continua à maintenir la pression.

Les autres loups-garous approchèrent de la bataille. Certains touchèrent leur ancien chef et hurlèrent. Ils savaient tous que la vie venait de quitter le corps de celui qui en avait transformé la majorité d’entre eux. Tous les loups-garous, au nombre de treize, allongèrent leurs deux pattes avant et firent une révérence. Le corps de leur aîné reprit forme humaine, ce qui leur fit comprendre qu’il était vraiment mort.

— Tu es notre chef, dit la louve noire.