Seul

Prologue

Une femme hurlait de douleur. Elle sentait que l’enfant qui grossissait en son sein voulait sortir aujourd’hui. Une autre humaine se tenait dans l’encadrement de sa chambre et s’approcha de celle qui souffrait. Cette femme était une sage femme que le mari de celle qui était enceinte avait été cherché. Il savait qu’elle mettrait son enfant au monde aujourd’hui. Son mari était un magicien très puissant.

Ils s’étaient aimés au premier coup d’œil et, l’année suivante, ils se mariaient. Cependant, la jeune femme avait dit à son mari qu’elle ne pouvait concevoir aucun enfant et voilà qu’elle accouchait. Elle ne pouvait pas y croire. Elle sentait la magie de son mari sous ce miracle.

La femme poussa un autre coup et elle entendit les pleurs du bébé.

— Un garçon! dit la sage femme en approchant le bébé lavé et entouré de linge propre.

Alors qu’elle prenait son fils dans ses bras, son mari entra et s’approcha de sa femme. Il mit sa main sur l’épaule nue de sa conjointe et regarda le bébé qui gémissait.

— Il possédera une magie aussi puissante que la mienne, dit-il en embrassant la joue de sa femme.

— Vous pourrez faire de grandes choses ensemble!

— Pas vraiment! Je dois t’avouer que je souhaitais que notre enfant naisse avant la Grande disparition.

— La Grande disparition?

— Tout est prêt pour lui!

— De quoi parles-tu? dit-elle en se tournant vers son mari.

Elle l’observait. Grand de taille, il portait toujours une barbe de quelques jours noirs de jais comme ses cheveux courts. Il possédait une musculature qui pouvait lever sa femme quand il le voulait. Un nez droit et un menton volontaire, le rendant sûr de lui. Il approcha ses lèvres charnues de celles de la jeune femme qui répondit à son baiser.

— Voilà quelques mois, j’ai fait un rêve où tous les hommes de la terre disparaissaient sans connaître la véritable raison. C’est là que j’ai commencé à utiliser ma magie pour te mettre enceinte et... je savais que ce serait un garçon. J’espère que tu ne m’en veux pas trop.

— Je ne pourrai jamais t’en vouloir mon amour, répondit-elle dans un souffle.

— Tu vas m’en vouloir!

— Pourquoi dis-tu cela?

— Je le sais!

— Toi et tes pouvoirs magiques, rit-elle.

Elle se sentit tout d’un coup mal l’aise par les paroles dites par son conjoint.

— Je dois t’expliquer que notre fils sera le seul à rester sur terre. J’ai réussi à former une enveloppe dans une grotte où il sera protégé de ce qui fera disparaître tout les autres.

— Je ne vois pas pourquoi tu me dis tout ça!

— Notre fils devra se trouver à cet endroit lors de la Grande disparition. Pourtant, malgré tous mes pouvoirs, je ne connais pas la journée et l’heure exacte d’une telle catastrophe. J’amènerai notre enfant à cet endroit... bientôt.

— Seul?

— Nous ne pouvons pas faire mieux, ma chérie. S’il ne se trouve pas là lors de la Grande disparition, il disparaîtra lui aussi.

— Pourrais-je le voir ensuite?

Le magicien regarda sa femme. Ses cheveux blonds en bataille et ses yeux verts qui versaient des larmes en regardant leur unique enfant. Elle ressemblait à une mannequin tant elle était belle. Il se demandait souvent ce qu’elle avait vu en lui pour l’aimer autant. Lui aussi l’aimait d’un grand amour, mais elle valait mieux que lui. Il tassa ses cheveux dorés devant ses yeux et se mit à genoux devant elle.

— Ma chérie, notre fils sera le dernier espoir de ce Nouveau monde! Le dernier homme survivant! Tu ne pourras pas aller le chercher, car tous voudront se l’approprier. Il sera en perpétuel danger. Tu le reverras, mais dans plusieurs années.

— Je me sens incapable de le laisser partir. Je vais te perdre et lui aussi.

— Je resterai encore auprès de toi jusqu’au jour où tous les hommes s’évaporeront.

— Il faut au moins lui donner un nom! pleura la jeune femme.

— Je peux te dire qu’il se souviendra du nom que tu lui donneras. Par contre, n’oublie pas qu’il devra se faire passer pour une femme. Il ne pourra pas révéler trop rapidement son secret. Toi tu le sauras ainsi que lui, mais pas les autres. Dans la caverne, j’ai placé un message qui lui donnera la marche à suivre quand il sortira de cette enveloppe magique.

— Charlie! Autant un homme qu’une femme peuvent porter ce nom.

— Parfait! J’aime bien aussi.

La jeune femme berça l’enfant qui partirait bientôt loin d’elle pour devenir le Sauveur d’un monde constitué de femmes.

— Tu es sûr qu’il aura tout ce dont il aura besoin!

— L’enveloppe est construite pour subvenir à tous ceux-ci.

— Adieu Charlie, dit-elle en tendant le bébé à son mari.

Elle se mit à pleurer. Néanmoins, elle savait que c’était pour sauver l’humanité qu’elle se séparait de celui qu’elle aurait voulu protéger et aimer. Elle perdait une partie d’elle en voyant son époux partir avec son fils. Par contre, elle savait que leur chemin se recroiserait dans le futur